C’est dès son arrivée, en 2024, à la tête de la ville-province de Kinshasa comme Gouverneur, que Daniel Bumba Lubaki avait étalé son chapelet de bonnes intentions dont » Kinshasa eza kobonga « en était le maitre-mot. Une superposition de mots pleine d’espoir pour les kinois qui, depuis plusieurs années, vivent dans un presqu’enfer au regard de l’insalubrité qui caractérise leurs milieux de vie et surtout de leur comportement global. Une ville où il ne fait plus beau vivre, où tout est difficile et rien ne semble marcher.

Malgré le slogan du Gouverneur, plus d’une année après son investiture, le statu quo demeure, hormis le phénomène démolition des constructions anarchiques piloté par le ministre provincial de l’environnement, Léon Mulumba, à la grande satisfaction de l’ensemble de la population. Aucun signal fort. Au slogan susmentionné, un autre s’est ajouté : « Bala-bala ezali wenze te. ». Une façon de décourager les les vendeuses et vendeurs qui étalent leurs marchandises en pleine rue et à même le sol. Rien n’est épargné. Même la nourriture que les humains doivent consommer est exposée à la poussière et aux mouches, cela au su et au vu des autorités de la ville. Illustration parfaite de l’absence totale de l’autorité de l’État. Sur la chaussée et les routes principales, les trottoirs des piétons sont transformés en étalage. Ce qui fait que les véhicules et les hommes marchent ensemble. La conséquence, les embouteillages monstres sur toute l’étendue de la ville. Au rond point Ngaba et à la place Kintambo Magasin, par exemple, deux bandes de part et d’autre, sont occupées par les vendeuses et vendeurs à la sauvette avec les caniveaux comme leurs poubelles, y remplissant toutes les saletés issues de leurs marchandises. Il ne reste plus qu’une bande pour les véhicules et les piétons.

À l’UPN, au rond point victoire, à Pascal, à Kingasani, à Matadi Kibala, à Moelart, Bitabe, à Matete Wenze, à Lemba Super, à DGC… bref, dans tous les coins de Kinshasa, c’est la même chose, la même maladie, les mêmes maux, le même comportement. C’est partout que les avenues sont transformées en marché, en terrasse ou débit de boisson. Qui vraiment pour remettre de l’ordre dans cette ville?

Il faut avouer que le mal a atteint son paroxysme dans cette mégapole de plus de 20 millions d’habitants. Les autorités civiles et policières de la ville en sont au courant mais restent amorphes, apathiques et sans inspiration pour redorer le blason de cette ville jadis appelée Kinshasa La Belle, aujourd’hui transpormée en Kinshasa La Poubelle. Et d’aucuns n’hésitent pas à affirmer qu’elle serait la ville la plus sale du monde. Quelle honte! On est descendus trop bas.

Pour l’instant, c’est la majorité des kinois qui pensent que le Gouverneur Daniel Bumba a lamentablement échoué dans sa dynamique. Une vision très mal ficelée et qui tarde à s’appliquer normalement. La police qui se devait d’accompagner cette mesure, elle est la première qui la transgresse en monnayant les places à vendre sur les avenues, en ne la faisant pas appliquer strictement. Vendre sur la rue ternit non seulement l’image du pays et de la ville mais expose les citoyens aussi bien sur le plan sanitaire que sécuritaire. Plusieurs vendeurs sont heurtés par des véhicules et perdent leurs vies parce que exerçant leur commerce le long de la route. Il y en a qui ont été électrocutés, le cas des morts de Matadi Kibala parce que leurs étalages sont sous les câbles électriques.

Grosso modo, le Gouverneur doit faire strictement appliquer cette très belle idée d’évacuer les vendeurs de la rue. Cela doit passer par un suivi et une rigueur sans précédents. Sans des mesures coércitives (contraignantes), le kinois réputé têtu et relativiste ne s’exécutera jamais et on continuera à faire le cercle vicieux. Tout compte fait, « Kinshasa eza kobonga « et » Bala-bala ezali wenze te » ont échoué.
Ghislain Boba