*C’est pratiquement depuis deux ans que le système LMD a été mis en oeuvre en République Démocratique du Congo aux dépens de l’ancien système dit traditionnel. Toutes les universités et les instituts supérieurs ont été contraints d’y basculer afin de se conformer aux instructions du Ministère de l’Enseignement Supérieur et Universitaire ainsi qu’à ce qui se passe déjà sous d’autres cieux.*
Ainsi, après deux années académiques, à l’issue des recherches scientifiques méticuleuses, *Augustin Mbangala Mapapa,* Professeur Ordinaire, Spécialiste en finance d’entreprise et en économie de grandes structures, Consultant pour la Banque Mondiale et ancien Directeur Général de l’Institut Supérieur de Commerce de Kinshasa, Protagoniste du SLMD, s’est évertué, dans un face à face avec les chevaliers de la plume, à évaluer ce système.
*Quid du SLMD ?*
À en croire le Professeur Augustin Mbangala Mapapa, le SMLD est * »l’architecture de formation en trois cycles (Licence-Maîtrise et Doctorat) qui a vu le jour en Europe (UE) afin que leurs diplômes soient reconnus dans l’espace anglo-saxon.* » Pour cet expert en finance, * »Le premier cycle fournit aux étudiants des compétences immédiatement valorisables sur le marché de l’emploi. Le deuxième cycle les spécialise dans un domaine bien précis et enfin le troisième cycle, très réservé à une infime catégories d’étudiants, forme des futurs enseignants ou hauts chercheurs d’industries. Dans ce système, la professionnalisation est le paradigme clé de la formation et nécessite une pédagogie universitaire appropriée « *, a martelé l’ancien DG de l’ISC.
Selon l’entendenement de ce Professeur Ordinaire, la base du système, c’est, à coup sûr, * »l’acquisition de compétences qui se fait par capitalisation de crédits (ECTS). »* Et cela appelle deux conséquences dont en priorité la professionnalisation de l’enseignement.
Dans le SLMD, la mobilité des étudiants d’une institution à une autre reste le point phare. Ce qui n’est presque pas le cas en RDC depuis que le SLMD est de mise et les pratiques comme la péréquation dans la délibération vues dans le système traditionnel ne devaient plus exister, car l’étudiant est obligé de revenir sur les matières pour lesquelles il n’a pas acquis de compétences.
* »Constat et résultat »*
Quant à ce qui est du constat fait par le professeur Mbangala ainsi que du résultat du SLMD, via son étude scientifique, en se servant bein évidemment de son expérience d’avoir contribué à l’implantation de ce système en Afrique de l’Ouest francophone et d’avoir enseigné dans ledit système dans des universités occidentales et africaines vingt années durant, quelques apories en ont découlé.
De prime abord, l’étude a reuni un échantillon probabiliste (sélection aléatoire) de 4000 sujets composés des étudiants bisseurs de classes de recrutement, des étudiants de classes de recrutement, du personnel académique, du personnel scientifique ainsi que des administratifs évoluant dans les décanats pour les facultés et les Instituts Supérieurs Techniques et pédagogiques, a affirmé le professeur Augustin Mbangala Mapapa. Et dans cette recherche, 7 provinces sur 11, dans l’ancienne configuration avant le découpage, ont été concernées, dont Kinshasa, le Katanga, les Nord et Sud-Kivu, la Province Orientale, le Kasaï-occidental ainsi que la province du Kongo-Central.
Ceci dit, le constat est que la résistance de l’ancien système demeure. Bien qu’en plein SLMD, méthodologiquement, les enseignants continuent de prester comme si on était toujours dans le système traditionnel. La professionalisation, le fait de tripler le volume du travail de l’enseignant, est inexistante.
Il s’en suit que le résultat de cette étude scientifique sur le SLMD est loin d’être escompté, étant donné qu’en lieu et place d’améliorer la qualité de l’enseignement, comparativement à l’ancien système, un grand recul se fait malheureusement constater au niveau de l’Enseignement Supérieur et Universitaire.
En termes de pourcentage, l’étude scientifique menée par le Professeur Mbangala Mapapa est arrivée aux conclusions ci-après : 95% des étudiants sont insatisfaits quant à la qualité de cet enseignement; la quasi-inexistence des infrastructures exigées par le SLMD; la difficulté ou la presqu’inexistence de stage à chaque niveau au regard de la massification ou du nombre exagéré d’étudiants ; la confusion totale du nombre d’années BAC+3 ainsi que du nombre de crédits; la prolifération des formations doctorales d’une qualité qui laisse à désirer à travers la quasi-totalité des Établissements d’Enseignement Supérieur et Universitaire jusque dans des Instituts Supérieurs Pédagogiques Techniques qui n’ont pour mission première que de former des techniciens et non des chercheurs; 95% des étudiants fustigent les coûts prohibitifs qu’engendre le SLMD, des projets tutorés mal ficelés et inutiles ainsi que des pratiques professionnelles très théoriques.
Bref, il est constaté que les enseignants ne sont plus motivés à produire le support pédagogique.
*Qu’est-ce qui pourrait justifier cet échec?*
Pour le Professeur Augustin Mbangala, ce système qui a déjà fait ses preuves dans d’autres pays a simplement été mis en oeuvre dans une précipitation qui ne dit pas son nom. En lieu et place de l’implanter dans le respect des étapes, il y a carrément eu un basculement du système traditionnel vers le SLMD. A l’endentement de cet universitaire de haute facture, les étapes ont été brûlées sans un moindre respect de procédure. Seule la phase de l’institutionnalisation a été respectée, via la loi-cadre qui autorise sa mise en œuvre. Et même alors, le cadre légal et règlementaire qui devaient accompagner cet état des choses n’a été de mise que deux ans après. Preuve de ladite improvisation.
En ce qui est de son instrumentalisation, phase-clé et la plus importante du SLMD, à en croire ce Professeur Ordinaire, elle se résume en trois points dont la phase de vulgarisation du SLMD, la phase de perfectionnement des enseignants et agents administratifs de collaboration dans des facultés et des sections. C’est dans cette phase de professionalisation de l’enseignant que l’expression * »enseigner autrement »* a sa place. Et ceci se doit de passer par le renforcement des compétences des enseignants en ce qui concerne la didactique et la pédagogie. Cela amène à ce que les formateurs soient formés, recyclés, soumis au séminaire de formation ainsi qu’au workshop.
Une autre étape importante sur laquellea insisté le professeur, c’est la phase d’amélioration des conditions de l’offre de formation dont la mise en place des infrastructures, des cadres légal et réglementaire en matière d’évaluation.
Tout ceci reuni permet justement à l’étudiant de savoir étudier autrement.
Ce qui n’a malheureusement pas été fait.
Eu égard à tout ceci, le professeur Mbangala Mapapa pense que cette phase la plus importante de toutes, qui précède l’implantation et implique des moyens financiers conséquents, n’a nullement été respectée par l’État. Faute d’absence de vulgarisation, étudiants et enseignants ignorent les contours du SLMD. Que peut-on donc attendre de bon lorsque dans un match de football, les acteurs (arbitre et joueurs) ignorent les règles du jeu?
*Que doit-on réellement faire pour améliorer et réussir le SLMD déjà mis en marche?*
Afin de limiter les dégâts, l’ancien DG de l’ISC/Kinshasa a formulé des perspectives qu’il estime concrètes et idoines Pour sauver le SLMD en RDC.
Pour lui, il est impérieux, dans un premier temps, de consolider ce système au niveau du bachelier. Mais avant d’amorcer tout processus de réflexion en vue de l’amélioration du SLMD, le Ministre de l’ESU doit laisser libre cours à ceux qui en ont compétence, entre autres les Conseils d’Administration ainsi que les Établissements. Son interférence dans le déroulement de ce système le détruit à coup sûr.
Sans une véritable amélioration des conditions sociales des enseignants, étant donné que leurs nombres d’heures de prestation ont triplé, le professeur Mbangala pense que le SLMD ne marchera jamais.
Aussi, a-t-il fustigé la faiblesse des critères actuels de promotion des prosseurs. Cet état des choses n’est pas du genre à promouvoir le niveau de la recherche ni à permettre la professionnalisation du métier. Il n’est pas admissible qu’une personne soit promue professeur deux cents jours seulement après la soutenance de sa thèse. Ce qui ne se fait nullement dans les pays de l’espace CAMES dont la RDC est membre. Au regard des normes qui régissent le CAMES, quand on a obtenu son son diplôme de doctorat, on est assistant. Pour devenir Maître Assistant, il faut publier, au moins, dans deux revues scientifiques reconnues sérieuses. Et pour obtenir le premier grade de professeur ou de Maître de Conférence agrégé, il faut réussir au concours du CAMES.
En plus, l’organisation du doctorat est l’apanage de quelques grandes universités auxquelles les moyens sont dotés et où les écoles doctorales sont organisées en syndicat mutualisant leurs efforts.
Dans ce même ordre d’idées, le professeur Mbangala Mapapa condamne fermement la considération de la publication des ouvrages dans certaines maisons d’édition au même diapason que des publications scientifiques. Il est donc utile de différencier un ouvrage de vulgarisation, qui ne peut pas occasionner l’obtention d’un grade, d’un ouvrage scientifique.
Ainsi donc, pour obtenir des résultats escomptés dans le SLMD, la suspension de tous les arrêtés d’organisation du troisième cycle qui vont en marge du décret portant critérium d’organisation des études de troisième cycle doctoral issus des assises scientifiques de très haut niveau mis en place à l’initiative du Professeur Théophile Mbemba Fundu, alors Ministre de l’ESU, est indispensable. À défaut de les suspendre, les reporter carrément serait salutaire pour l’enseignement supérieur et universitaire en RDC, a chuté ce consultant de la Banque Mondiale.
In fine, le professeur Mbangala a conclu que dans le SLMD, le chef des travaux n’existe pas. Ceux qu’on appelle Assistant dans le système traditionnel en RDC, sont, en principe, rattachés au professeur et ne sont reconnus que par l’Etablissement et non par l’État.
Voilà, de façon synoptique, l’évaluation et les recettes miracles, à la limite, proposées, lors de son face à face avec la presse, par le professeur Augustin Mbangala Mapapa.
*Guylain Boba*